Que l’on soit fasciné ou terrorisé, nous sommes tous à un moment donné confrontés aux orages, phénomènes météorologiques particulièrement présents en montagne et en été. Il n’y a aucun jugement à avoir de nous-même, ni des autres, car une phobie ne se contrôle pas. D’autant plus que les orages peuvent causer de vrais dégâts, sont dangereux, et entraînent la mort d’une quinzaine de personnes par an [1]. Chaque année des centaines de personnes et quelque 20 000 animaux sont foudroyés [1]. Mais comprendre le phénomène permet de l’anticiper et de limiter les catastrophes.
Comment se produit un orage ?
Pour faire simple, l’orage est le produit d’une réaction physico-chimique à l’intérieur d’un nuage : le cumulo-nimbus. Il s’agit d’un gros nuage qui monte très haut dans le ciel, jusqu’à atteindre le plafond (de la stratosphère) où il s’étale, lui donnant une forme d’enclume. Pendant cette montée (où la température devient négative), il se charge d’eau sous forme liquide (goutte d’eau) et solide (cristaux de glace). Entre l’air chaud à l’intérieur du nuage qui continue à monter et l’eau trop lourde qui descend, de la matière s’échange et créer de l’électricité statique. Un orage nait. Des charges positives et négatives (électrons) vont s’accumuler et chercher à se rejoindre. Quand sous une grande pression ces charges se rencontrent, il y a un choc électrique. Des éclairs se forment, accompagnés du tonnerre et le plus souvent de vent, de pluie, de grêle (souvent en montagne) voire de neige. A ce moment, comme dans 80 % des cas, les éclairs s’échangent à l’intérieur d’un même nuage, voire entre les nuages. Aucun risque de foudroiement pour toute vie sur terre.
Mais le même phénomène physique s’opère aussi avec la terre (les électrons présents dans les nuages sont attirés par ceux de la terre) et la foudre, dans 20 % des cas, frappe le sol terrestre.
Quels dégâts peut produire un orage ?
Lorsque la foudre s’abat sur une personne, cette personne reçoit un choc électrique qui peut entrainer des brûlures et un arrêt cardiaque et respiratoire. Autrement dit : c’est MORTEL !
Lors de formes plus modérées, différentes lésions sont identifiées : troubles de la conscience, allant de la perte de connaissances momentanée au coma ; paralysie transitoire ; brûlures sur les points d’entrée et de sortie, de différents degrés possibles. Des troubles de la mémoire peuvent persister avec des pertes d’équilibre et d’orientation.
Comment réagir face à un orage ? 3 risques à ne pas provoquer
1/ L’effet de pointe La foudre va prendre le chemin le plus court, donc atterrir prioritairement sur les points hauts.
S’il y a une règle à retenir : Ne pas rester sur les crêtes et les pics et redescendre le troupeau.
Il ne faut pas non plus constituer ce point haut, sur les plateaux dénudés, où se mettre sous les arbres isolés (mais dans une forêt, c’est possible).
2/ La tension de contact : Il faut bien sûr s’éloigner de tout objet métallique, ni au-dessus de nos têtes (parapluie), ni prendre sa douche, car les canalisations d’eau sont conductrices. Ni toucher la paroi d’une grotte où on trouverait refuge.
3/ La tension de pas :
« Le champ électrique se forme dans un rayon d’environ 30 m du point d’impact. Toute cette zone est considérée comme dangereuse. À partir de ce point d’impact, le champ électrique qui se forme va en diminuant à mesure que l’on s’en éloigne. La “tension de pas” est la différence de tension qui se manifeste entre les pieds écartés. Plus les pieds sont éloignés, plus la « tension de pas » est importante. En cas d’impact, si nous gardons les jambes écartées, chacun des pieds se trouvant à une tension différente, un courant électrique vous traversera le corps.
Les quadrupèdes ne pouvant adopter cette position sont particulièrement exposés à la « tension de pas » et donc souvent électrocutés. ».
Ainsi, il faut :
— S’écarter du troupeau (et de ses chiens).
— Adopter la meilleure position possible : accroupie, les pieds joints, ou pelotonné au sol, assis sur son sac (pour éviter le contact avec le sol) avec l’armature métallique du sac bien posé à plat au sol.
— À plusieurs, s’écarter les uns des autres (3 m de distance). Éviter les sols humides et s’éloigner des cours d’eau et des lacs.
— Rentrer à la cabane (c’est inutile de mourir pour la passion du métier, les bêtes ne se perdront pas…). Si elle n’est pas équipée d’un paratonnerre (comme souvent), éviter de toucher les murs, fermer portes, fenêtre et trappes de cheminée ou de poêle.
— Rejoindre sa voiture qui est un bon abri, (portières et fenêtres fermées, en évitant de toucher les éléments du tableau de bord). Attention aux camping-car et caravanes (qui sont sur pieds métalliques et dont l’habitacle ne fait pas cage de Faraday).
— Éventuellement, s’abriter dans une grotte ou sous les édifices en pierre, mais s’accroupir loin de l’entrée, sans toucher le fond, le plafond ou les parois (s’en éloigner d’au moins 1,5 m).
Anticiper un orage
Estimer la distance de l’orage
Pour estimer la distance qui nous sépare d’un éclair, il suffit de compter le nombre de secondes qui s’écoule entre la vue de l’éclair et le son du tonnerre qui claque ou gronde. Le son parcourt 330 mètres en 1 seconde. Par exemple, si il y a eu 3 secondes entre l’éclair et le bruit, 3 × 330 = 990 mètres nous séparent du point où est tombée la foudre.
Préparer le troupeau
Les orages arrivent principalement en fin de journée ou en soirée et durent en moyenne entre 30min et 2 heures. Il est possible de se garder un quartier de pluie : un endroit où il est plus simple de garder le troupeau (cuvette, relief concave), limité par des barrières naturelles (barres, éboulis, rivière) et/ou proche de la cabane, de manière à pouvoir se mettre à l’abri en laissant les bêtes seules.
On peut aussi prévoir un grand parc (ex : parc de 6 filets/1000 bêtes) pour les y mettre avant l’orage. En effet, l’expérience montre souvent que le temps de rentrer à la cabane, l’orage est terminé. Et mieux vaut ne pas toucher les piquets quand ça claque.
Attention aux crues et coulées de boues : Les cours d’eaux peuvent monter très rapidement si les précipitations sont intenses et entrainer brebis et surtout agneaux.
Préparer ses chiens
Les chiens peuvent avoir peur des orages. Les punir ne sert à rien, mieux vaut essayer de dédramatiser la situation, rester neutre, ne pas transférer sa propre peur à ses chiens et pourquoi pas essayer l’homéopathie pour soi et pour ses chiens. Pendant l’étape d’éducation, on peut les habituer en leur passant des enregistrements audio de bruits d’orage (en moins fort) en rassurant le chien et en restant détendu, dans le jeu.
Prendre la météo
— sur internet meteociel, meteo60. Il y a des radars en live qui renseigne sur la progression des cellules orageuses.
— Observer les nuages : plus le nuage s’étire en hauteur, plus il y a risque de pluie, plus le nuage noircit et prend la forme d’enclume, plus l’orage est imminent. (voir www.dataero.fr/principaux-types-de-nuages/ qui est un super site pour s’entrainer à reconnaître les nuages.)
— Observer ses chiens et les brebis qui peuvent détecter les variations de pressions atmosphériques et changer de comportement.
— Utiliser un baromètre, une baisse de 1 hectopascal par heure signale une tempête, orage ou anticyclone.
Qu’est qu’un paratonnerre ?
Le paratonnerre est un système qui permet de capter la foudre, inventé par l’Américain Benjamin Franklin en 1760. Lors d’un orage, la pointe du paratonnerre émet des électrons et attire ainsi la décharge électrique géante que constitue la foudre. Le dispositif, qui utilise « le pouvoir des pointes » permet de capter la foudre et de la conduire jusque dans le sol qui l’absorbe.
Le paratonnerre est composé d’une tige placée en hauteur (la pointe doit être de deux mètres au dessus de l’édifice à protéger connectée à la terre par plusieurs câbles appelés conducteurs de descentes. Ces conducteurs installés à l’extérieur du bâtiment et à l’écart des conduites de gaz et d’électricité sont capables de conduire cette électricité : ils peuvent faire parties de la cage de Faraday. Il existe plusieurs types de paratonnerre dont les 3 plus courants sont : la pointe simple (dite pointe de Franklin), le paratonnerre à dispositif d’amorçage (PDA) et la cage maillée (cage de Faraday).
Sources
[1] https://www.planetoscope.com/climat/921-.html
→ https://www.espace-sciences.org/juniors/questions/pourquoi-la-foudre-tombe-sur-le-paratonnerre
→ www.ingesco.com/fr/noticias/installation-dun-paratonnerre
→ www.labalaguere.com/le-mag/conseils/randonnee-que-faire-en-cas-d-orage.html
→ https://fr.wikipedia.org/wiki/Paratonnerre
Schéma : https://enigma.over-blog.com/foudre-et-tension-de-pas.html
Pour aller plus loin
Pour les passionnés de météo, un super bouquin : Petit manuel de météo montagne, de Jean-Jacques THILLET et Dominique SCHUELLER, Ed. Glénat. 2009. 20 €.
« Le tambours des limaces, guide d’info pratique pour bergères et berger, savoir comment faire avec les orages ». Disponible au téléchargement en PDF ci-dessous. Compilation de notes, explications, et schémas issus d’internet, réalisé par Célia NASTASIO, bergère, en 2020.