ABBASP sensibilise au risque d’intoxication au monoxyde de carbone.
Ce gaz inodore, incolore, mais bien toxique est responsable d’une centaine de morts en France chaque année et de quelques milliers de prises en charges à l’hôpital. L’été dernier des bergères et bergers ont failli mourir intoxiqués par le monoxyde de carbone (lire ci-dessous l’encart « Faits récents et malheureusement récurrents »), c’est pourquoi nous tenons à vous informer des dangers liés à ce gaz. En effet, dans nos boulots l’accessibilité aux urgences peut être compliquée et nous sommes sujets à ce risque de part la vétusté des installations de nos logements de fonction (cabanes).
Qu’est-ce que le monoxyde de carbone ?
Le monoxyde de carbone (CO) est un gaz incolore, inodore, toxique, et potentiellement mortel. Il résulte d’une combustion incomplète quelle que soit le combustible (bois, charbon, butane, essence, fuel, gaz naturel, pétrole, propane). Il se diffuse très vite dans l’air. Très toxique, le CO est un gaz asphyxiant qui se fixe sur les globules rouges, bloque le transfert de l’oxygène dans le sang et empêche donc la bonne oxygénation des organes. Il peut tuer en moins d’une heure ! Et il y a des risques de séquelles graves à moins de connaître les symptômes pour éviter le pire.
Quels sont les symptômes lors d’une intoxication au CO ?
On peut ne pas avoir tous les symptômes, mais seulement certains :
Ceux qui apparaissent assez rapidement sont : | À un stade plus avancé : |
— maux de tête — fatigue — nausées — vomissements — douleurs musculaires, thoraciques ou abdominales — troubles de l’équilibre — confusion — pertes de connaissance. | — troubles cardiaques, pulmonaires, musculaires et viscéraux — des manifestations neurologiques telles que : — convulsions — troubles des mouvements — amnésie — trouble de reconnaissance des objets — tremblements — cécité corticale — incontinence. |
Ces symptômes peuvent aller jusqu’au coma, qui témoigne alors d’une URGENCE VITALE et nécessite une prise en charge immédiate.
Chez la femme enceinte, l’intoxication au monoxyde de carbone comporte un risque élevé de mortalité ou d’atteintes chez le fœtus.
Que faire en cas d’intoxication ?
Dès les premiers symptômes qui peuvent toucher plusieurs personnes présentes dans la pièce, IL FAUT AGIR TRÈS VITE. Il est indispensable d’aérer par les fenêtres et les portes donnant sur l’extérieur pour évacuer le gaz toxique et respirer de l’oxygène. Il ne faut surtout pas allumer de flamme à ce moment-là, au risque de provoquer une explosion. Arrêtez les appareils à combustion (en apnée pour ne pas respirer le gaz). Sortez rapidement et appelez les secours :
112 URGENCES
15 SAMU
18 POMPIERS
Les personnes intoxiquées doivent être rapidement prises en charge et une hospitalisation peut être nécessaire.
Comment se forme le CO ?
Le CO est produit lors d’une combustion incomplète d’un composé carbone en raison d’une quantité d’oxygène insuffisante. Il se produit et s’accumule donc lorsqu’il y a :
— une mauvaise évacuation des gaz de combustion
— une quantité insuffisante d’oxygène dans l’air (pièce calfeutrée, aération insuffisante, entrée d’air bouchée).
— un dysfonctionnement ou vétusté de l’appareil utilisé.
— une utilisation prolongée ou inadaptée d’un appareil (par exemple, l’utilisation de chauffages d’appoint en continu ou d’appareils prévus pour l’extérieur utilisés en intérieur comme les groupes électrogènes).
On observe souvent, lors d’accidents, un cumul de ces causes.
De plus, des facteurs aggravants comme des conditions météorologiques particulières (tempête, brouillard dense, grand froid…) entraînent une élévation des risques et ce, d’autant plus qu’elles peuvent s’accompagner de l’utilisation massive de chauffages de fortune (groupe électrogène, poêle à pétrole, brasero…).
Principales sources de production du CO
— système de chauffage ou production d’eau chaude (chauffage mobile d’appoint, chauffe-eau),
— appareils de cuisson (cuisinière à bois, à charbon, à gaz, barbecue, brasero),
— poêle et ses tuyaux, cheminées (avec ou sans insert),
— groupe électrogène, moteurs de véhicules dans bâtiment sans aération.
Comment s’en prémunir ?
Le site de Santé Publique France ainsi que celui du centre antipoison donne des recommandations pour éviter des intoxications au CO.
— Vérifier l’installation de chauffage chaque année ! Ainsi que les appareils de cuisson, et les chauffe-eaux à gaz qui doivent être normalement vérifiés par un professionnel !
— Aérez votre intérieur tous les jours même s’il fait froid. Maintenir le système de ventilation en bon état de fonctionnement et ne jamais obstruer les entrées et sorties d’air !
— Après avoir cuisiné, bien éteindre les boutons de la gazinière.
— Ramoner les conduits de cheminée au moins une fois par an ainsi que les tuyaux de poêle.
— Respecter les consignes d’utilisation des appareils à combustion, indiquées dans le mode d’emploi.
— Ne pas utiliser de chauffage d’appoint (par exemple : un poêle à pétrole) en continu. Ne pas le laisser allumé toute la nuit !
— Les groupes électrogènes ne doivent jamais être utilisés à l’intérieur des bâtiments.
— Les appareils de chauffage ou chauffe-eau doivent être installés par un professionnel.
Vous pouvez vous renseigner auprès d’un centre anti-poison (par région*), d’un professionnel qualifié (plombier-chauffagiste, ramoneur), de l’Agence régionale de santé, ou du service communal d’hygiène et de santé de la mairie.
En principe c’est aux employeurs de veiller à l’entretien et au bon fonctionnement des appareils de combustion. Mais nous vous conseillons d’en parler avec eux en amont du début de la garde, voire de contrôler avec eux le bon fonctionnement de ces appareils. Vous pouvez aussi demander à votre employeur un détecteur de CO (entre 20 et 40 euros) car une exposition régulière à faibles doses peut devenir une intoxication chronique qui peut se manifester par une baisse des performances intellectuelles, des maux de têtes chroniques, une altération de l’acuité visuelle.
Tél. centres anti-poison :
PACA | 0491752525 |
Auvergne-Rhône-Alpes | 0472116911 |
Languedoc-Roussillon | 0561777447 |
N’hésitez pas à contacter aussi Cléopâtre par téléphone : à l’écoute des bergers au 0699507705. Vous avez une question, un problème, une difficulté, un passage à vide, le besoin de parler, d’être écouté… Des volontaires, le plus souvent anciens bergers, sont à votre écoute pendant la saison d’estive. Plus d’information sur le site de notre partenaire ASPIR : http://aspir.eu/cleopatre/
Plus d’informations
1/ Video très courte et percutante sur le risque du CO :
2/ Une brochure PDF très complète : « Prévenir l’intoxication au CO ».
3/ Une affiche, une brochure claire et efficace, ainsi qu’un un livret qui explique comment se prémunir du CO : https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/exposition-a-des-substances-chimiques/monoxyde-de-carbone/outils/#tabs
Faits récents et malheureusement récurrents
Une bergère a été hospitalisée, en début d’été 2020 pour intoxication au monoxyde de carbone ainsi que deux personnes qui étaient dans sa cabane. La bergère devait être en arrêt de travail juste pour une vingtaine de jours et finalement elle n’a pas pu reprendre son travail pour finir l’estive. Actuellement elle est en incapacité de reprendre un travail à cause des séquelles provoquées par l’intoxication qui a touchée le cerveau. Elle fait partie des personnes cérébro-lésées. Cette intoxication était due à un mauvais fonctionnement d’un chauffe-eau à gaz ! Un copain berger a eu très peur mais il a eu plus de chance que la bergère car lorsqu’il a eu des nausées et très mal à la tête le soir sans raison apparente et surtout lorsque sa chienne est venue par deux fois le prévenir il s’est forcé à se lever pour aller vite aérer en grand et sortir de la cabane car il connaissait les symptômes. Sinon il serait mort pendant son sommeil ! Ce début d’intoxication était dû au poêle à bois dont les tuyaux étaient montés à l’envers ! Cet été 2020 encore, une saisonnière est morte dans un fourgon à cause du monoxyde de carbone. Alors faites attention à vous, votre famille, et vos amis qui viennent vous rendre visite. |
Sources
https://solidarites-sante.gouv.fr/